dimanche 18 mars 2012

Les mensonges permanents
   La campagne présidentielle accentue le caractère mensonger des propos du Président en place et de sa cour écoeurante de dévotion aveugle. L'économie se prête facilement aux idées reçues qui laminent les acquis sociaux. On l'a vu avec les retraites : dire qu'il y aura trop de vieux et qu'on ne pourra plus payer est d'un simplisme affligeant mais ça marche. Dire que si vous travaillez plus vous gagnerez plus est d'une nullité absolue mais ça pourrait bien marcher. Sans aller loin dans l'analyse on peut remarquer qu'en monnaie constante, les salariés gagnent beaucoup plus aujourd'hui qu'en 1900 et que, globalement, ils travaillent moitié moins. Etonnant, non ? Tout à leurs mensonges surtout sur le "malheur des 35 heures",  Sarkozy et ses amis oublient de dire qu'en 1936 il avait été possible de diminuer le temps de travail de huit heures (et ce en 17 ans - 48 h en 1919 et 40 heures sous le Front Populaire). Il a fallu attendre 46 ans pour diminuer la durée du travail d'une seule heure en 1982 puis 20 ans pour la diminuer (sous certaines limites) de 4 heures supplémentaires.
   Le mensonge consiste à oublier également l'allongement de la durée du trajet pour aller au travail. Dans beaucoup de villages, les entreprises ont disparu et il faut parcourir 25 ou 30 km voire beaucoup plus pour travailler. Et puis, il y a déjà pour un tiers des salariés ce maudit portable, ces terribles mails qui sont autant de fils à la patte. Vous êtes à peine rentré chez vous que le téléphone mobile sonne, que les messages s'accumulent sur votre messagerie. L'entreprise à besoin de vous en permanence. Votre durée de travail s'allonge avec l'outil portable et avec internet. Et sans augmentation de salaire.
   La réalité est qu'aujourd'hui la majorité des salariés travaille davantage (trajet+présence sur le lieu de travail+travail chez soi) pour gagner moins (le gain à l'heure est en baisse c'est évident). Dans un pays de plus en plus riche*, l'évolution est mortelle. L'essentiel est de la négliger ou de faire croire qu'elle n'existe pas.
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(*) Le PIB a fortement augmenté depuis 30 ou 40 ans (presque doublé). Mais où est donc passée la richesse supplémentaire ? Le vrai problème est là : c'est le partage du gâteau qui compte. Sarkozy doit partir mais peut-on compter sur son successeur pour modifier la tendance ? Seul le peuple informé et en marche semble en mesure de donner un sens au mot progrès (social et humain).

dimanche 11 mars 2012

Au fil de l'actualité...

   Où est passée la démocratie ? - La presse considère que Nicolas Sarkozy a voulu faire une démonstration de force à Villepinte le dimanche 11 mars. Pas une démonstration sur ce qui intéresse la majorité des Français : le pouvoir d'achat, l'emploi, l'Europe sociale*, etc.  Non la démonstration porte sur le nombre de cars, de bus, de trains affrêtés pour soutenir aveuglement un homme dit providentiel qui a fait la preuve depuis cinq ans qu'il savait parfaitement servir son camp (sa classe). Bref, une démonstration sur le nombre de spectateurs (de supporteurs) venus de toute la France pour applaudir chaque formule pourtant usée par le temps et chaque attaque longuement préparée contre les principaux adversaires. Dans le même temps, d'autres sont allés soutenir l'équipe de France de rugby face à l'Angleterre. Avec Sarkozy, la politique est un sport de combat où tous les coups sont permis. Les rugbymen ont perdu ; le Président devrait suivre leur exemple...
  Si c'est ce genre de rassemblement qui, comme le dit une partie de la presse très médiocre,  est décisif dans la désignation d'un Président de la République, alors Jean Salem a raison : "Elections, piège à cons" (Flammarion, Collection Antidote, 2012).
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* Il a parlé de l'Europe en souhaitant revenir sur les accords de Schengen.Pour la majorité des spécialistes, remettre des frontières et des douaniers à la frontière des différents pays européens est une aberration.
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La fausse innocence.- La presse aime répéter que les vrais problèmes ne sont pas abordés durant la campagne. Si c'est vrai (ce qui n'est pas sûr), à qui la faute ? "On parle plus de la viande hallal que du logement" dit un journaliste de "France Culture" le 12 mars. Qui pose les questions ? Qui aime faire monter la mayonnaire sur les sujets accessoires pour ne pas avoir à traiter les dossiers essentiels ?
La fausse neutralité.- Je n'ai pas de sympathie particulière pour Audrey Pulvar mais lui reprocher son "militantisme" c'est oublier que les journalistes ni mariés, ni pacsés avec des responsables politiques, ne font pas preuve de neutralité.Sans parler des vedettes Pujadas, Pernault,  il faut écouter l'interview de François Hollande par le présentateur du magazine "Capital", un grand défenseur de la baisse des salaires et de l'allongement de la durée du travail. Hollande a été bien poli. Face à Jean-Luc Mélanchon, ce monsieur qui se croyait sans doute "objectif", aurait vite été renvoyé dans les cordes. Il n'est ni le mari de Nadine Morano ni celui de Christine Lagarde mais il défend les thèses les plus anti sociales avec une assurance qui ne peut tromper que les naïfs.

samedi 3 mars 2012

Les mots ont un sens
   Le site de l'Express (express.fr) m'a demandé une contribution sur la mesure fiscale prévue par François Hollande. Pour des raisons diverses, quelques modifications ont été apportées au texte initial mais c'est la modification du titre qui me gêne le plus. Très courtoisement, le journaliste chargé de la page m'a précisé que la rédaction préfèrait "Les réactions des footballeurs sont écoeurantes" à mon titre : "Vive les défaites !". Ce qui m'embête, ce sont les deux premiers mots ajoutés : l’expression “Taxe Hollande” est fausse. Hollande ajoute une tranche supplémentaire d’impôt (taux de 75%) ce qui n’est pas identique. La taxe donne l’idée d’un pourcentage sur une somme (TVA, TIPP) – il est simple de faire croire qu’on va payer 75% de son revenu - alors que la mesure Hollande rend tout simplement l’impôt plus progressif.
   De la même manière, il n'est jamais neutre de confondre cotisations sociales et charges sociales. Ah, ce poids des "charges" que dénoncent les présidents de clubs comme les patrons !  Qu'on se méfie, les employeurs (malheureusement relayés par la plupart des médias) ont intérêt à parler de charges avec l’idée cachée derrière de fardeau dont on peut se délester. Ils oublient simplement de dire qu’en face des dites “charges sociales” (légalement les cotisations sociales), il y a des prestations sociales. Supprimer les charges c’est supprimer les prestations. Le slogan masqué est clair : à bas la Sécurité Sociale. Que chacun s'assure et se débrouille. Vive les assurances privées ! Un peu d’histoire nous rappelle pourtant que le patronat était favorable aux cotisations sociales...
    Enfin, pour une fois qu'un journal nous donne la parole, on ne vous pas trop protester ! Nous espérons même qu'un organe de presse nationale crée prochainement une chronique régulière sur le sport entendu comme phénomène social aux multiples implications politiques, économiques et idéologiques (hors des pages sportives "ghetto"). M.C.

Par Michel Caillat
 ELYSEE 2012 - La Fédération  française de football s'est élevée contre la "taxe Hollande" sur les ultra-riches. Pour notre contributeur Michel Caillat, spécialiste de la sociologie du sport, l'intérêt de l'Etat doit primer les résultats sportifs (http://www.lexpress.fr/).