dimanche 4 décembre 2011

Le Téléthon ou la bonne conscience
  "Les Français, malgré la crise, ont été plus généreux cette année". Voilà le discours que l'on va entendre et lire ces prochains jours à propos du Téléthon. Passons sur l'utilisation du mot passe-partout "crise" qui nous ferait presque croire que ladite crise ne date pas de 1973-1974. Dans tous les livres d'économie, le début de la crise remonte à la flambée pétrolière des années 70 (le quadruplement du prix du pétrole ne fut en réalité que le détonateur) et des millions de documents écrits, parlés et télévisés nous le rappellent. L'essentiel est de faire croire qu'elle date d'hier pour exiger aujourd'hui les pires reculs sociaux. En fait, la crise dite financière est une crise dans la crise.
   Quant au mot générosité, il supplante l'expression bonne conscience. Ils sont combien ces généreux donateurs du 3 décembre qui dès le 4 se moquent de leurs semblables et particulièrement des handicapés comme de leur première chemise. Il suffit d'aller dans la plupart des villes, petites ou grandes (à Châteauneuf-sur Loire comme à Orléans), pour s'en rendre compte : les trottoirs sont inaccessibles aux handicapés. Combien de personnes en fauteuil roulant circulent dans nos rues ? Il est de bon ton de larmoyer sur la hauteur des distributeurs de billets ou sur la difficulté à prendre le train, le bus ou le tramway, mais la question n'est pas là : le problème des handicapés est d'atteindre la banque ou la station. Les très nombreuses voitures garées sur tous les trottoirs des villes empêchent tout déplacement sûr.  Et quand s'ajoutent les poubelles...
   Les piétons, les personnes avec des poussettes ont déjà beaucoup de mal à avancer sans marcher de temps à autre sur la route. Les handicapés sont exclus ; ils sont merveilleux à condition qu'ils ne nous empêchent pas d'aller chercher les enfants à l'école et le pain à la boulangerie sans la moindre contrainte de  stationnement. Le jour du Téléthon permet à beaucoup de citoyens de se faire pardonner les 364 autres jours. Et si l'on faisait plutôt l'inverse : ouvrir nos cités à tous à chaque moment et ne pas monnayer nos incivilités permanentes durant une seule journée du mois de décembre...

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