Le lundi 28 novembre, je découvre dans un article annonçant l'entretien préalable au licenciement pour faute grave de Denis Chaumier, directeur de la rédaction de France Football, la phrase suivante: "La convocation de Denis Chaumier n'a rien à voir avec l'interview suspendue de François Hollande que nous publierons d'ailleurs prochainement dans un cadre plus large", assure au Monde M. Morinière, directeur-général du groupe L'Equipe :"Le groupe L'Equipe a toujours été neutre et compte le rester pour la présidentielle" conclut-il. La dernière phrase est de trop. Qui veut des preuves que L'Equipe n'a jamais été neutre peut les demander au Centre d'analyse critique du sport (CACS).
Il n'y a en fait rien de neuf dans la déclaration de M. Morinière. Le 16 octobre 1900, dans l’éditorial du premier numéro d’un nouveau quotidien de la presse française, on lit : " Il ne sera jamais à L’Auto-Vélo question de politique. " La règle d’or du journal est fixée pour toujours : ses successeurs, L’Auto en janvier 1903, puis L’Équipe en février 1946, insistent sur leur indépendance, sur la " substitution des passions sportives aux engagements politiques". Ce type de discours se heurte très vite à des faits têtus. Le sport est toujours politique et cela de deux manières : d’une part, il est traversé par tous les enjeux politiques et diplomatiques d’une conjoncture historique donnée ; d’autre part, il constitue une vision politique du monde, sans s’avouer comme telle. Oui, M. Morinière, en allant sans sourciller à Berlin en 1936, en Argentine en 1978, à Moscou en 1980, en Chine en 2008, le groupe L'Equipe a soutenu les pires régimes. Quand son soutien ne fut pas clairement exprimé, son silence fut toujours complice.
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