Pigeons et cons
Ou quand les personnels de l’Education nationale accordent en permanence
des crédits à leur employeur...
Les petits entrepreneurs ont réussi en quelques jours ce que les
enseignants n’ont pas réussi en des dizaines d’années. Il est vrai que les
premiers sont “productifs” comme dirait M. Copé alors que les seconds ne servent
à rien. C’est bien connu, ce sont des “privilégiés”.
Et puis, il est bon ton dans le monde enseignant (y compris dans le
monde syndical) de ne pas parler argent. Seule la revendication du maintien du
pouvoir d’achat est quelquefois, du bout des lèvres, avancée.
Or, non seulement, le pouvoir d’achat des fonctionnaires baisse (le gel
renouvelé à l’infini ne semble pas émouvoir grand-monde) mais la rémunération
tardive des corrections et des interrogations d’examens, le paiement reculé on
ne sait pourquoi des changements d’échelon, le remboursement toujours
scandaleusement repoussé des frais divers (transports, hébergement), conduisent
à faire du fonctionnaire (je parle au moins pour celui de l’Education nationale)
une sorte d’intermédiaire bancaire qui fait crédit sans intérêt pendant
plusieurs mois à son patron !
Non seulement il perd du pouvoir d’achat sur son salaire mais également
il en perd à chaque correction et à chaque changement d’échelon.
Il faut vraiment toute l’apathie d’une profession et des syndicats sur
ce sujet pour qu’un tel manque de respect (des personnes et du droit) puisse
perdurer. Le respect du personnel de l’Education nationale ce devrait être aussi
le respect du “droit à rémunération du service fait” (principe
qu’on rappelle à chaque fonctionnaire quand il fait grève).
En réalité c’est le mépris qui domine : le mépris de l’éducation et de
la culture en général qui va de pair avec le mépris des personnels.
En nous laissant faire, nous sommes non seulement des pigeons mais
aussi des cons.